Une transformation notable
Le Maroc redéfinit l’industrie automobile en Afrique, surpassant l’Afrique du Sud pour devenir le plus grand producteur de véhicules du continent. Une évolution qui renforce sa position non seulement en Afrique, mais également sur le marché européen.
Une domination historique remise en question
L’Afrique du Sud a longtemps été considérée comme la plaque tournante de l’industrie automobile africaine. Toutefois, ce monopole s’est progressivement érodé. Alors que le Nigeria est devenu la plus grande économie africaine dans les années 2010, le Maroc, à son tour, s’impose aujourd’hui comme le leader en matière de production automobile.
En 2023, le Maroc a assemblé environ 582 000 voitures et véhicules utilitaires légers, et ce chiffre devrait atteindre près de 614 000 unités cette année, selon Fitch Solutions. Pendant ce temps, la production sud-africaine devrait reculer à 591 000 unités.
Les clés du succès marocain
Cette inversion de tendance résulte autant des défis rencontrés par l’Afrique du Sud que des succès stratégiques du Maroc. En Afrique du Sud, la détérioration des infrastructures logistiques, la pression fiscale freinant la demande locale et la dépendance excessive aux exportations vers l’Europe, notamment via les convertisseurs catalytiques, pèsent lourdement sur le secteur. La transition vers les véhicules électriques (VE) en Europe réduit considérablement la demande pour ces composants.
En revanche, le Maroc a su attirer des investissements massifs en développant sa chaîne de valeur automobile. Des entreprises comme Renault-Dacia et Stellantis y ont implanté des usines, soutenant une dynamique industrielle qui se concentre désormais sur les technologies d’avenir.
Cap sur les véhicules électriques
Anticipant l’essor des véhicules électriques, le Maroc mise sur l’Europe voisine et sur des projets innovants. Récemment, l’usine Renault de Tanger a lancé la production du Dacia Jogger, premier véhicule hybride fabriqué dans le pays.
D’ici 2026, la société sino-allemande Gotion prévoit d’ouvrir une usine de batteries à hauteur de 1,2 milliard d’euros, avec une capacité annuelle de 20 GWh. Ces initiatives illustrent clairement l’engagement du Maroc dans la transition énergétique.
Le rôle de la Chine et des accords de libre-échange
La Chine joue un rôle central dans cette croissance. Grâce à ses accords de libre-échange avec des puissances économiques comme les États-Unis, l’Union européenne et la Chine, le Maroc est devenu un point d’entrée stratégique pour les entreprises chinoises. Ces dernières investissent massivement dans des secteurs liés aux véhicules électriques et aux batteries.
La Cité Mohammed VI pour la Science et la Technologie, située à Tanger, accueille de nombreux projets technologiques et industriels, consolidant la position du royaume comme hub pour l’innovation et la fabrication.
Un avenir en pleine accélération
Avec une contribution d’environ 20 % au PIB marocain, l’industrie automobile du pays connaît une croissance remarquable. Fitch Solutions prévoit une progression annuelle moyenne de 6,8 % au cours des dix prochaines années, portant la production à près de 1,1 million de véhicules d’ici 2033.
Cependant, cette réussite suscite des interrogations. Les États-Unis ont récemment intensifié leurs efforts pour limiter les avantages accordés aux entreprises chinoises au Mexique. Une dynamique similaire pourrait émerger en Europe, visant les investissements chinois au Maroc.
Quoi qu’il en soit, tout semble indiquer que l’avenir de la fabrication automobile, tant pour l’Afrique que pour l’Europe et l’Amérique du Nord, portera le label « Made in Morocco ».